Le violoniste français est décédé dimanche 18 février à l’âge de 62 ans. Il a été foudroyé par une crise cardiaque.
Didier Lockwood est mort. Le Nice Jazz festival annonce dimanche 18 février au soir la mort du plus célèbre des violonistes de jazz français.
Elle a été confirmée par son agent qui écrit dans un communiqué : « Son épouse, ses trois filles, sa famille, son agent, ses collaborateurs et sa maison de disque ont la douleur de faire part de la disparition brutale de Didier Lockwood dans sa 63ème année ». Didier Lockwood avait participé à un concert samedi soir au bal Blomet, une salle de jazz parisienne.
Didier Lockwood était né dans une famille musicienne. Son père instituteur était aussi professeur de violon et sa mère peintre amateur. Son frère aîné Francis deviendra pianiste de jazz. Dans l’arbre généalogique, on trouve aussi le contrebassiste Willy Lockwood, cousin de son père.
Remarqué par Stéphane Grappelli
Didier Lockwood a 13 ans quand il intègre l’orchestre lyrique du théâtre municipal de sa ville natale à Calais. En 1972, il obtient les premiers prix du conservatoire de Calais et de musique contemporaine de la Sacem. Formé à la musique classique, il s’oriente pourtant vers le jazz sous l’influence de son frère Francis.
Il découvre le violon amplifié et préfère intégrer à la fin de l’année 1974 le groupe de jazz-rock Magma plutôt que de tenter l’entrée au conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris. Plus tard, il se fait remarquer par Stéphane Grappelli qui lui propose de l’accompagner dans ses tournées. Il est ensuite invité par le pianiste Dave Brubeck et commence une carrière solo.
Il enchaîne les albums avec différentes formations, notamment son fameux DLG (Didier Lockwood Group). Il joue en compagnie de Martial Solal, Michel Petrucciani, Aldo Romano, André Ceccarelli, Miles Davis, Lenny White, Marcus Miller, Herbie Hancock, Elvin Jones, les frères Marsalis, Barbara, Richard Galliano, Claude Nougaro, Richard Bohringer, Jacques Higelin, Mama Béa…
Il explore en permanence de nouveaux horizons
Il explore en permanence de nouveaux horizons, comme en témoigne son spectacle Omkara réalisé avec le chorégraphe indien Raghunath Manet, danseur de Bharata Natyam, compositeur et joueur de vinâ. Il est également célèbre pour ses solos des « mouettes », démonstrations d’effets électroniques pour violon solo.
Didier Lockwood s’est aussi distingué par son implication pédagogique. Il est l’auteur d’une méthode d’improvisation intitulée Cordes et âmes (prix Sacem 2002), et a crée en 2001 à Dammarie-les-Lys le Centre des Musiques Didier Lockwood, son école d’improvisation. Depuis 2011, Didier Lockwood animait un festival Violons croisés à Dammarie-les-Lys. Il était aussi le parrain du festival Violons et chants du monde à Calais.
« Un grand monsieur du jazz »
Denis Lebas, directeur du festival Jazz sous les pommiers à Coutances, a réagi dimanche à l’annonce du décès du musicien: « Didier Lockwood est venu plusieurs fois au festival et depuis longtemps. C’est une grosse émotion d’apprendre son décès. Il était l’un des chefs de file du jazz français, l’un des musiciens français les plus populaires et des plus appréciés, parce qu’il y a longtemps qu’il est sur la route. Il jouait un jazz extrêmement généreux et tourné vers le public. Il a fait partie des pionniers du violon derrière Stéphane Grappelli qui avait tracé la voie. Il n’était pas dans notre programmation 2018, mais c’est quelqu’un qu’on aurait aimé revoir. »
Jean-Philippe Breton, fondateur et ancien directeur de Jazz à Vannes, s'exprime lui aussi : « Ça n’était pas une grande star mais c’était un grand monsieur du jazz, il était toujours prêt à tenter des expériences avec d’autres artistes. C’est cette curiosité et ce sens du partage qui l’avaient poussé à accepter d’être le parrain des 30 ans du festival en 2009. Il était resté une semaine à Vannes. Il avait fait preuve d’une extrême générosité. C’est quelqu’un qui au-delà de son école a contribué à démocratiser le jazz. Il ne voulait pas en faire quelque chose d’élitiste. Son sourire inamovible va beaucoup nous manquer. Didier Lockwood faisait partie de l’histoire du festival où il s’est produit à trois reprises. »