AMzer
Alan Stivell
Folk -
Depuis la parution en 2009 d'Emerald, un album solide mais sans surprise, Alan Stivell était en voie de se changer en statue. Conseil culturel de Bretagne, célébration des 40 ans de son Olympia fondateur (1972), biographie officielle, commandeur des Arts et des Lettres... Les honneurs accumulés sur sa tête ont, semble-t-il, gardé celle-ci claire et déterminée à ne pas laisser Nolwenn Leroy incarner seule la « troisième vague celtique » prophétisée par le plus vénérable des Bretons. Si la conception et la fabrication d'AMzer (sous-titré Seasons pour les anglophones) ont pris du temps, l'objet fini saisit par sa fluidité. La séquence printanière ouvrant l'album installe une forme inédite de sérénité et d'enchantement. Si l'alliance de la harpe celtique et des flûtes avec les sons électroniques n'est pas nouvelle chez Stivell, elle trouve ici un accomplissement majeur. Les voix japonaises d'un haïku s'ajoutent à la sienne, devenue un modèle d'équilibre (en breton, en français, en anglais, chantée ou parlée) ; elles étirent encore les frontières d'un « village global » rêvé. A tel flottement éthéré, legs des années new age, répond la trace délavée d'un blues (What could I do ?). Comme chez Van Morrison, cousin irlandais dont il s'approche aussi par l'inspiration mystique, la musique d'Alan Stivell n'a plus besoin d'autre nom. Elle coule simplement de source, et son flow magnétique pourrait emporter même ceux qui s'y attendaient le moins vers une révélation. — François Gorin
| 1 CD Keltia III/Harmonia Mundi.
Le 03/10/2015 - Mise à jour le 29/09/2015 à 15h15
François Gorin - Telerama n° 3429