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Le troisième plan de lutte contre les algues vertes en Bretagne démarre mal, avec la sortie soudaine de l’ONG Eaux et Rivières de Bretagne du comité de pilotage régional. Celle-ci a déposé un recours contre l’Etat pour inaction face aux pollutions des eaux par les nitrates.

Face aux algues vertes, cette ONG affirme qu’il faut s’attaquer au modèle agricole breton

Le fléau des algues vertes est de nouveau au cœur de l’actualité en Bretagne. Alors qu’un nouveau plan de lutte doit bientôt être présenté, une association clé vient de claquer la porte des discussions. Eau et Rivières de Bretagne, une ONG reconnue pour son travail sur l’eau et l’environnement, a démissionné du comité de pilotage du troisième plan de lutte contre les algues vertes. L’association ne croit plus à la trajectoire choisie par l’Etat, qui « ne permettra pas d’atteindre le bon état écologique » pour lequel la France s’est engagé auprès de la Commission européenne d’ici 2027, selon Arnaud Clugery, directeur général de Eau et Rivières de Bretagne. « On ne veut pas être co-responsable d’un plan de lutte qui va à l’échec », assène-t-il.

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Les algues vertes prolifèrent dans plusieurs baies bretonnes depuis maintenant 50 ans, favorisées par les nitrates issus des rejets du monde agricole, comme le lisier et les engrais azotés. Depuis 30 ans, la teneur en nitrate dans les cours d’eau a certes baissé de 30% grâce à des mesures pour limiter les fuites de nitrate. Mais l’association martèle que le problème des algues vertes ne se résoudra pas sans s’attaquer à l’évolution du modèle agricole breton et la question des effectifs animaux. « Il faut accompagner la baisse des effectifs en favorisant ceux qui ont un mode vertueux de production, par exemple le système bovin-lait sur prairie », détaille-t-il. D’autre part, « il faut réduire les élevages de porc et de volaille qui émettent beaucoup d’azote ».

Un rapport de 2021 pointe la faiblesse des moyens mis en œuvre contre les algues vertes

Eaux et Rivières reconnaît pourtant que ce plan de lutte 2022-2027 comporte des avancées, dont la mise en place de zones soumises à contraintes environnementales dans les 8 baies concernées par les algues vertes. Mais cela reste insuffisant. L’association pointe par exemple la décision de l’Etat de reprendre la gestion des Mesures Agroenvironnementales et Climatiques (MAEC). Ce sont des aides issues de la Politique Agricole Commune (PAC), gérées jusque-là par la région Bretagne mais que l’Etat reprend en main à partir du 1er janvier prochain. « C’est vraiment dommage parce que c’était un vrai levier dans le sujet de la lutte contre les algues vertes », regrette Arnaud Lecuyer, vice-président de la région Bretagne en charge de l’agriculture. Sa région était celle qui mobilise le plus ses outils pour les agriculteurs, insiste-t-il. Celle-ci n’est cependant pas sortie du comité de pilotage. Pour revenir à l’association Eau et Rivières, elle a aussi déposé deux recours auprès du tribunal administratif de Rennes pour inaction de l’Etat face à ces pollutions. Dans un rapport de juillet 2021, la Cour des Comptes estimait que les moyens mis en œuvre pour lutter contre les algues vertes avaient été jusque-là dérisoires. Les orientations du nouveau plan de lutte seront présentées aux élus du conseil régional de Bretagne ce vendredi.

Baptiste Gaborit