Scène du pays de Lorient. Dix-neuf ans après la création du groupe, la « tribu » fondée par Sylvère Morisson sort un nouveau disque. Et bientôt un concert à l'Océanis, le 29 octobre.
L'histoire
Un projet de vie. On peut le dire ainsi. Sylvère Morisson, c'est une voix, une gueule, des yeux bleus à fond d'horizon. C'est un gamin qui au piano joue Bach et Chopin. Un ado, qui gratte la guitare, fasciné par la symphonie celtique d'Alan Stivell. Un choc. En 1987, il en a assez en fond de cale pour accompagner le barde. Il devient arrangeur. Les deux musiciens tournent ensemble, entre San Fransisco et Santa Fé. Sacrée bourlingue.
Et puis, Sylvère continue le chemin auprès de Michel Tonnerre, le poète de la mer. Guitariste, pianiste, choriste, compositeur-arrangeur sur cinq albums. « Sur L'oiseau noir, j'ai pu apporter et affirmer une touche celtisante. » Alain Le Meur, de Keltia musique, apprécie la couleur. Il lui commande un album, autour de thèmes en breton. « J'ai toujours eu l'idée d'une tribu. J'ai passé quelques coups de fils. »
Tanaw naît. Avec 19 membres. Bloaz an erh du, L'année de la neige noire, ouvre la voie de la Celtic trans music. On est en 1996. « J'avais 32 ans. À l'époque, notre projet était un peu particulier. Nous laissions beaucoup de place à l'improvisation sur scène. Cela a autant interpellé que dérouté. » Avec huit artistes sur scène, ça marque les esprits. « Très vite, Warner nous repère et propose de prendre un virage électrique. Cela va donner naissance à Kohann » que Sylvère porte alors avec Michèle Gaurin et David Bellec. Du trip-hop en bas-vannetais, cela séduit.
Depuis quatre ans sur le projet
Cela clôt aussi le chapitre Tanaw. Avec un album et de belles dates sur les scènes bretonnes. C'est la vie. Son sac et son ressac. Mais l'histoire, il faut le croire, ne doit pas se terminer ainsi. Sylvère Morisson garde toujours dans un coin de tête sa tribu. Se dit qu'elle n'a pas soufflé son dernier mot. Ce n'est pas un délire d'ancien combattant : « Depuis quatre ans, j'ai organisé ma vie afin de composer pour Tanaw. » En plus de cette vie de partage et d'enseignement à l'école de musique de Quéven.
Sylvère compose, donc. Il peut faire du faux biniou koz avec son synthétiseur analogique. Mais à un moment, il lui faut des visages pour le koz, la harpe, les voix. Il prend le téléphone. Joint en premier lieu Fanch Landreau, violoniste des Ours du Scorff, « une culture de fou », un artiste avec qui il n'a pas joué depuis 1988. C'est drôle. C'est justement l'année de naissance de Lillah Politzer et de Léna Le Foll.
Les deux jeunes femmes chantent. Léna, la Bretonnante, issue du kan ha diskan dans les cercles de Larmor et de Brizeux, prend sa plume. Ecrit en Cornouaillais, les deux morceaux, Bugale et Goulou. La chanteuse se découvre. « Je lui ai proposé tout sauf du kan ha diskan, rigole Sylvère. Ce n'était pas une question de timbre, mais de tessiture. Elle devait se poser la question de savoir s'il fallait susurrer ou rameuter le village. »
L'album s'appellera The earth cry. Beau symbole, c'est le nom d'un titre qui figurait déjà sur le premier opus. Autre symbole : la première date de concert a lieu à l'Océanis de Ploemeur. Là où tout a commencé, avec l'aide du programmateur Guy Lucas, il y a dix-neuf ans. Cette histoire, c'est plus qu'une renaissance.
Jeudi 29 octobre, à 20 h 30, concert de Tanaw à l'Océanis de Ploemeur. Ouverture de la billetterie sur tanaw.fr dès ce lundi. Tarif : 12 €. L'album sortira officiellement le soir même.