Depuis le samedi 14 mars, le ministère de la santé avait recommandé aux restaurants et pubs de mettre en place des mesures de distanciation sociale. Leurs clients étaient priés de respecter un éloignement de deux mètres et de se laver les mains fréquemment.

Sur les réseaux sociaux, des vidéos de gens trinquant et chantant dans les pubs de Temple bar, l’épicentre de la fête dublinoise, ont provoqué de vives réprimandes de l’opinion puis des autorités. 

En réaction, le dimanche 15 mars, le Taoiseach (chef de gouvernement) provisoire Leo Varadkar (Fine Gael), médecin de formation, a imposé la fermeture des 7.000 pubs du pays. La plupart de ces établissements réalisent habituellement une part significative de leurs chiffres d’affaires annuel à l’occasion de la Saint-Patrick. 

Près de 50.000 salariés des pubs, souvent des personnels précaires et/ou étrangers, se retrouvent au chômage. De nombreux pubs ne se relèveront pas de cette fermeture obligatoire, faute de trésorerie suffisante. 

Des touristes déambulent, hébétés

Dimanche, quelques grappes de touristes s’attroupaient autour des musiciens de rue de Grafton Street. D’autres trouvaient refuge dans les parcs, déambulant hébétés, sacs de souvenirs à la main. Dans un magasin de disque de Saint-Geoge’s street arcade, le disquaire s’enduisait les mains de lotion hydroalcoolique avant de manipuler chaque vinyle. Pour autant, aucun commerçant de ce marché couvert ne portait un masque ou des gants. 

Les Irlandais s’engouffrent dans les supermarchés. Ils achètent des vivres et se ruent vers les rouleaux de papier toilette. D’autres font des provisions d’alcool, gin et bière notamment. 

Chaque soir, les journaux télévisés de RTE (le groupe audiovisuel d’État) répètent les messages de précaution. À ce jour, on dénombre deux morts directement liées au coronavirus dans le pays. 

Ni gants, ni masque 

Les regards se tournent vers l’unique frontière terrestre du pays, au nord, où les messages du gouvernement britannique étaient longtemps moins alarmistes. Dans une pharmacie d’Omagh (Ulster), les personnels ne portaient ni gants ni masque, lundi. La vie continuait comme si de rien n’était, sous la grisaille et la pluie. Les pubs restent ouverts. Boris Johnson déconseille mollement de les fréquenter. 

À Derry, le vent ride le fleuve Foyle. Les peintures murales en hommage au Bloody sunday (la tuerie du dimanche 30 janvier 1972), essuient des trombes d’eau. Peu de touristes et de promeneurs se risquent à affronter les intempéries. 

"Il y avait foule hier (dimanche), assure Gary, serveur du pub Granny Annie’s. Mais, ce lundi, la moitié des pubs de la ville sont fermés." La décision appartient à chaque gérant ou propriétaire de débit de boisson. 

Le Granny Annie’s arbore les habituelles décorations de la Saint-Patrick. Une frise de trèfles et de drapeaux de la République d’Irlande parcourt les murs. La batterie et la sonorisation sont prêtes à accueillir les musiciens. 

Les vols vers le continent affichent complet

Sur la route du retour, hier, la circulation était fluide à l’exception de la congestion ordinaire de 17h30 à Omagh. À Dublin, les embouteillages se sont envolés. On distinguait de rares silhouettes dans les bus à étage bleu et jaune. 

Ce mardi 17 mars, jour de la Saint-Patrick, le quotidien national The Irish Times relaie les craintes du secteur de la vente au détail. L’épidémie de coronavirus pourrait précipiter quelque 200.000 salariés de boutiques au chômage d’ici la fin de la semaine. 

Pour ce soir, les recommandations des autorités publiques sont claires. Les Irlandais sont invités à rester chez eux et à ne pas y organiser de rassemblement. 

À l’aéroport de Dublin, le trafic a fléchi de 50 à 60%. en conséquence, les vols maintenus à destination de l’Europe continentale affichent complet. 

En Irlande, Antoin Galleau