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Bienvenue sur le blog Source Celtique #2 - Blog hommage, à Alan Stivell Cochevelou, retour sur les chemins de terre d'un Barde Breton..."kentoc'h mervel eget em zaotra"

POINT DE VUE. « La frontière irlandaise a cent ans » (Ouestfrance.fr / 24.11.21)

Publié le 24 Novembre 2021 par Source Celtique #2 in Infos

Le 6 décembre 1921, le Traité de Londres mit fin à la guerre d’indépendance irlandaise contre l’empire britannique, après cinq années sanglantes qui avaient débuté le 24 avril 1916 lors de l’insurrection héroïque de Pâques à Dublin. En 1919, Michael Collins créera l’IRA et prendra une part déterminante à la signature de ce traité qui allait conduire à la partition de l’île, avec d’un côté, la République d’Irlande et de l’autre, l’Irlande du Nord à majorité protestante, province restée sous contrôle britannique.

La ville de Derry (Londonderry) : le quartier Bogside, bastion catholique républicain, fief de l’IRA. Il s’agit d’un lieu important du conflit nord-irlandais et célèbre pour le « Bloody Sunday », manifestation pacifiste pendant laquelle 14 personnes dont 7 adolescents ont été tués par des soldats de l’armée britannique. | ARCHIVES FRANCK DUBRAY

La ville de Derry (Londonderry) : le quartier Bogside, bastion catholique républicain, fief de l’IRA. Il s’agit d’un lieu important du conflit nord-irlandais et célèbre pour le « Bloody Sunday », manifestation pacifiste pendant laquelle 14 personnes dont 7 adolescents ont été tués par des soldats de l’armée britannique. | ARCHIVES FRANCK DUBRAY

« La frontière irlandaise a cent ans »

 

« Le 6 décembre 1921, le Traité de Londres mit fin à la guerre d’indépendance irlandaise contre l’empire britannique, après cinq années sanglantes. » Pour l’écrivain Bernard Berrou, « la solution idéale dans les prochaines années serait une Irlande toute entière unifiée. »

 
 

Le 6 décembre 1921, le Traité de Londres mit fin à la guerre d’indépendance irlandaise contre l’empire britannique, après cinq années sanglantes qui avaient débuté le 24 avril 1916 lors de l’insurrection héroïque de Pâques à Dublin. En 1919, Michael Collins créera l’IRA et prendra une part déterminante à la signature de ce traité qui allait conduire à la partition de l’île, avec d’un côté, la République d’Irlande et de l’autre, l’Irlande du Nord à majorité protestante, province restée sous contrôle britannique.

Une frontière arbitraire de cinq cents kilomètres

Une frontière arbitraire de cinq cents kilomètres à travers collines, bois, lacs et rivières, fut tracée à la hâte, et provisoirement. Elle correspondait aux limites des comtés établies au XVIIe siècle en fonction des servitudes de l’époque. Cette frontière contestée ne fut jamais redessinée par la suite. En 1983, Margaret Thatcher avait émis l’idée de revoir son tracé sinueux pour mieux la contrôler en l’adaptant au réseau routier actuel, tout en refoulant dans la République le plus grand nombre de catholiques. Le projet demeura lettre morte.

Un découpage qui fut l’une des raisons du conflit de 1968

Tout en méandres et en détours ubuesques, avec plus de trois cents points de passage dénombrés, la frontière a enclavé en Irlande du Nord des villes à majorité catholique comme Derry ou Strabane. Elle divise en deux des villages comme ceux de Belleek et de Pettigo, et coupe même des maisons ou des corps de ferme. Elle est souvent matérialisée par des marques discrètes sur des vieux ponts au cœur des villages comme à Clady ou à Pettigo. Ce découpage fut l’une des raisons du conflit qui éclata en 1968, et opposa durant trente ans les républicains catholiques de l’IRA aux loyalistes protestants soutenus par l’armée anglaise. Ce qui fut appelé par euphémisme Troubles fit 3 500 morts jusqu’à la signature de l’accord de paix dit du Vendredi saint le 10 avril 1998.

Au cours des trente années de conflit, l’armée britannique n’avait pu empêcher l’IRA de franchir cette frontière poreuse, que ce soit pour livrer des armes, organiser des attentats ou échapper aux poursuites. Les frontaliers de Lifford, de Garrison, de Blacklion se souviennent des contrôles musclés aux check-points par l’armée britannique, des heures d’attente, des fouilles outrancières. Ils n’ont pas oublié le cauchemar des voitures piégées, les blocs de béton barrant les routes, le bruit des hélicoptères rasant les toits.

30 000 personnes la franchissent chaque jour

 

Pendant la nuit, les habitants des villages se groupaient pour repousser les obstacles de béton avec des tracteurs, afin de rouvrir les petites routes classées non approved. À une trentaine de kilomètres de Derry, le pont de la petite ville de Clady fut endommagé plusieurs fois par des bombes dans les années 80. Il avait la réputation d’être l’un des plus surveillés et le plus dangereux de la région, tout comme celui de Lifford, la ville voisine. La frontière irlandaise fut le théâtre de drames collatéraux, de tirs meurtriers de snipers, de bavures.

La solution idéale, une Irlande tout entière unifiée

La frontière a été complètement démilitarisée en 2006 et est devenue aujourd’hui invisible. 30 000 personnes la franchissent chaque jour. Mais le Brexit est venu lui conférer une actualité aussi imprévue que soudaine. Depuis le Brexit, cette frontière terrestre demeurée ouverte, ne sépare que virtuellement le Royaume-Uni de l’Irlande du sud, et par conséquent le Royaume-Uni de l’Europe et du reste du monde. La hantise qu’elle puisse logiquement se refermer est présente dans les esprits. La volonté exprimée par les partisans du Brexit de restaurer une identité britannique forte, celle de se protéger des flux migratoires européens, la personnalité imprévisible et fantasque de Boris Johnson, prompt à des volte-faces, ne sont pas faits pour garantir à cette frontière une libre circulation définitive.

 

La solution idéale dans les prochaines années serait une Irlande tout entière unifiée, complètement indépendante du Royaume-Uni. Ce serait un effet collatéral positif du Brexit que n’excluent ni les responsables politiques ni les groupes de réflexion sur le sujet.

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