Avec 400 000 exemplaires édités, « Mémoires d'un paysan Bas-Breton » est, après « Le cheval d'orgueil » de Pierre-Jakez Hélias, le deuxième tirage le plus important de l'édition bretonne. Publié en 1998, le livre de Jean-Marie Déguignet en est à sa 20e édition. Il est désormais enfin disponible en anglais à l'AIKB (association intégration Kreizh-Breizh) qui a, difficilement, réussi à s'en procurer des exemplaires pour les Anglais du Centre-Bretagne.
Un écorché vif
Fils de journalier agricole, Jean-Marie Déguignet est né en 1 834 à Guengat, à côté de Quimper. Il passera sa jeunesse à Ergué-Gabéric et apprendra à lire et à écrire sans maître. Il partira au service militaire à l'âge de 20 ans et participera à quatre campagnes du second empire, en Crimée, en Italie, en Kabylie et au Mexique.
Quand il reviendra, 14 ans plus tard, il rapportera un témoignage unique de ces campagnes. Lors d'un voyage à Jérusalem, il perdra la foi : « Je ne voyais plus les choses avec les yeux de la foi aveuglante et abrutissante » et deviendra un républicain convaincu : « Vive la République ! À bas la calotte ! »
40 cahiers écrits à la main
À la suite de cet épisode militaire, il deviendra cultivateur, assureur, débitant de tabac et miséreux. Il décédera à l'hospice en 1905.
C'est à la fin de sa vie, entre 1898 et 1905 que Jean-Marie Déguignet écrira ses mémoires sur des cahiers d'écolier. En 1980, Arkae, une association de recherche historique, apprend l'existence de ces cahiers. Il lui faudra plusieurs années avant d'éditer « Mémoires d'un paysan Bas-Paysan » qui ne contient que 40 % de « Histoire de ma vie », l'édition complète du manuscrit de 2 584 pages. « Le déchiffrage était parfois difficile et les textes écrits en français possédaient beaucoup de citations en breton, italien, espagnol ou encore en latin », explique Bernez Rouz son éditeur.
« Ce livre, poursuit l'éditeur, est un regard sur la société du XIXe siècle est un vrai livre d'aventures qui nous plonge dans la culture bretonne. »
Un succès de librairie
Le livre sort en 1998 et connaît un honnête succès de librairie jusqu'au jour où Michel Pollack, en vacances en Bretagne, le découvre et en fait une critique à France Inter. Les ventes s'envolent pour atteindre 250 000 exemplaires.
Un an plus tard, le livre est présenté au salon du livre à Paris et connaît une nouvelle envolée des ventes pour se retrouver, début 2000, dans le top 10 des ventes françaises.
Traduit en anglais en 2004, le livre est aujourd'hui disponible à l'AIKB ou à Arkae, à Ergué-Gabéric.